Cyberpsychologie

La cyberpsychologie | psychologie des NTIC et psychothérapie avec les télécommunications

Définition

Le terme cyberpsychologie signifie deux choses très différentes.

D’une part, la cyberpsychologie désigne la psychologie des relations sociales sur les réseaux informatiques créés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

D’autre part, la cyberpsychologie désigne une forme de psychothérapie qui utilise les nouvelles technologies comme média entre le thérapeute et le patient et comme outil thérapeutique. 

La cyberpsychologie comme psychologie des relations sociales par les télécommunications

L’usage des ordinateurs et des smartphones, d’Internet, des réseaux sociaux, des logiciels et applications de communication à distance, le jeu vidéo, la réalité virtuelle, modifient les relations sociales et ont un impact sur la psychologie des individus, leur cognition, leurs représentations, leurs émotions et leurs affects.

Ces évolutions technologiques et sociales intéressent donc les chercheurs et les praticiens en psychologie, psychanalyse, médecine, neurosciences, sciences humaines, soins infirmiers, sciences de l’information et de la communication, sciences de l’ingénierie, sciences de l’éducation.

Parmi les thèmes d’étude de cette psychologie, on trouve :

  • les relations sociales en ligne
  • l’identité numérique
  • les addictions à Internet, au jeu vidéo, aux réseaux sociaux, à la pornographie sur Internet, aux applis de rencontre, etc
  • les comportements régressifs en ligne
  • la désinhibition en ligne
  • la perversion en ligne
  • l’identité de genre sur les réseaux
  • l’interaction homme / machine
  • l’intelligence artificielle
  • l’immersion dans la réalité virtuelle

Psychopathologie des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux dont l’usage s’est généralisé dans les années 2000-2010, ont un impact sur les représentations de soi et d’autrui des individus.

L’exposition constante à la vie des autres – et notamment des stars, des célébrités, des gens qui réussissent, des « influenceurs », souvent enjolivée par suppression des aspects neutres ou négatifs, a un impact sur l’image de soi. La comparaison permanente des individus avec des modèles « beaux jeunes riches heureux » a tendance à diminuer l’estime de soi et à générer des représentations négatives de soi-même, des sentiments d’échec, d’infériorité, de vanité de la vie, et peuvent conduire à la dépression ou au suicide.

Par ailleurs, l’anonymat relatif des réseaux laisse libre cours à l’expression de la violence et de la haine ; des interactions en ligne dégénèrent plus vite et plus fort que des interactions sociales physiques. On passe en quelques commentaires de la critique à la menace de mort ou à l’injonction au suicide.

En outre, un usage excessif des réseaux sociaux et plus généralement des relations sociales en ligne accroit le sentiment de solitude, d’isolement social.

Addictions à Internet

Internet et ses applications causent des addictions dont les effets et les mécanismes sont comparables à ceux des drogues, du sexe et du jeu :

  • dépendance
  • souffrance à la privation
  • mécanisme de récompense
  • obsession

 Cette addiction peut se manifester par des comportements comme :

  • vérifier ses messages ou ses profils de réseaux sociaux des dizaines de fois par jour
  • passer des heures sur Facebook, sur une application, sur certains types de sites
  • rester immergé pendant des heures voire des jours dans un jeu vidéo
  • regarder des films, séries, vidéos toute la journée

Troubles de l’attention

Les personnes porteuses de troubles de l’attention ont tendance à faire un plus grand usage des technologies, qui en retour ont tendance à aggraver leur problème d’attention.

En effet, les réseaux sociaux, les jeux vidéos, le surf, le binge-watching, la pornographie en ligne, toutes ces pratiques favorisent une attention immédiate tournée vers une satisfaction instantanée.

Désinhibition en ligne

On parle de désinhibition en ligne pour désigner que les personnes qui agissent dans le cyberespace font et disent des choses qu’elles ne feraient et ne diraient pas lors d’interactions physiques.

Par exemple : 

  • exhiber sa vie privée à des inconnus
  • agresser autrui verbalement pour une divergence de vue ou de goût
  • raconter des traumatismes en public

Pour expliquer cette désinhibition en ligne, on avance ces hypothèses :

  • l’anonymat relatif de certaines interactions (ex : forums sous pseudonyme) donnerait aux personnes l’impression d’être protégées contre les conséquences négatives (notamment légales mais aussi sociales) de leurs propos
  • le côté asynchrone de la communication en ligne déréalise les interactions
  • le côté éphémère des contenus publiés sur les réseaux favorise une culture de l’oubli rapide, donc de l’irresponsabilité

Conjuguée à des effets de groupe, cette désinhibition en ligne peut devenir toxique voire mortelle en se transformant en forums de haine en ligne, campagnes de cyberharcèlement poussant les victimes à la dépression ou au suicide, etc.

La cyberpsychologie comme forme de psychothérapie par les NTIC (e-thérapie)

La cyberpsychologie désigne aussi un ensemble de pratiques psychothérapeutiques utilisées par les psychologues cliniciens, les psychiatres, les psychothérapeutes, les psychanalystes, les médecins et autres professionnels de santé et de l’éducation (éducateurs spécialisés, ergothérapeutes, etc.)

Dans ce sens, la cyberpsychologie est une forme de télépsychologie, ou psychothérapie à distance.

Dans leur livre « Comprendre et soigner l’homme connecté. Manuel de cyberpsychologie« , le psychanalyste Serge Tisseron et le psychologue Frédéric Cordo définissent la cyberpsychologie ainsi :

Une psychologie qui s’intéresse à la compréhension des processus psychiques qui se développent et se transforment lorsque l’homme est en interaction avec des technologies

Dans une interview avec la revue Rhizome, le psychologue et chercheur québécois Stéphane Bouchard définit la cyberpsychologie ainsi :

La cyberpsychologie se définit comme l’étude des phénomènes mentaux appliquée au cyberespace, soit le monde virtuel, artificiel et recréé. La réalité virtuelle et la télépsychothérapie sont deux exemples concrets de la cyberpsychologie.

Stéphane Bouchard évoque ensuite comment la réalité virtuelle peut servir dans une psychothérapie :

Pour le clinicien, la réalité virtuelle peut être très riche, notamment parce qu’en fonction des applications utilisées, il peut avoir accès à d’autres choses. La réalité virtuelle permet de recréer un contexte doté d’une charge affective, toujours sous le contrôle du psychologue, qui se veut à des visées thérapeutiques.

Bouchard cite ensuite 3 exemples d’immersion dans des situations émotionnellement chargées, ou traumatiques :

  • une personne ayant une forte angoisse de parler en public, qui doit parler devant une foule virtuelle
  • une personne ayant une addiction à la cocaïne, qui se voit proposer de la coke dans une situation virtuelle
  • une victime potentielle d’agression sexuelle, confrontée à un prédateur virtuel
  • des personnes atteintes de boulimie ou d’anorexie, dans des situations de prise de nourriture

Plus généralement, la cyberpsychologie en tant qu’e-thérapie peut traiter entre autres :

  • le syndrome de stress post-traumatique, notamment en organisant un revécu sous contrôle des événements traumatisants, pour laisser le temps au cerveau de traiter l’information dans un contexte physiquement et émotionnellement sécure
  • la douleur chronique, par une gestion de sa composante psychoaffective
  • les troubles cognitifs
  • etc

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